🎯 Thèse

Nier l’existence de vérités nécessaires — telles que \(2 + 2 = 4\) — sape toute prétention à une connaissance objective ou à un discours sensé. Par une analyse des propos d’Aron Ra lors d’un débat public, cet essai met en lumière l’incohérence interne de la rhétorique relativiste et affirme la centralité de la loi de non‑contradiction et des vérités nécessaires dans toute vision du monde cohérente.


I. Introduction

Lors d’un débat très visionné sur l’existence de Dieu, Aron Ra, le célèbre activiste athée, déclare de manière provocante :

« Deux plus deux peuvent faire cinq en fonction de valeurs supérieures de cinq. »
Plus tard, il insiste : « Je ne peux pas désigner ne serait-ce qu’une seule chose comme étant nécessairement vraie. » (Source : Is There a God? | Aron Ra Vs Jake Brancatella MuslimMetaphysician, Modern-Day Debate sur YouTube, 1:29:35) De telles affirmations frappent au cœur même de la raison. Si rien n’est nécessairement vrai, comment peut-on qualifier quelque chose d’absurde de manière sensée ? La réplique de Jake Brancatella — interrogeant comment l’histoire de Jonas pourrait être qualifiée « d’absurde » sans faire appel à une norme nécessaire — révèle la nature autoréfutante du rejet de la nécessité. Cet essai montrera que le refus de la vérité nécessaire conduit inévitablement à l’incohérence.


II. Définir la vérité nécessaire et la loi de non‑contradiction

Une vérité nécessaire est une proposition vraie dans toutes les circonstances concevables. Par exemple,
$$ 2 + 2 = 4 $$
est vrai dans tous les mondes possibles ; symboliquement, on écrit \(\Box(2+2=4)\). La loi de non‑contradiction (LNC) affirme qu’aucune proposition \(P\) ne peut être vraie et fausse à la fois dans le même sens et au même moment : $$ \neg (P \land \neg P). $$
Ces principes ne sont pas de simples conventions ; ils sous-tendent tout discours cohérent, tout raisonnement scientifique et toute prétention à la connaissance.


III. Les déclarations d’Aron Ra : une déconstruction

Les deux affirmations centrales d’Aron Ra sont :

  1. « Deux plus deux peuvent faire cinq en fonction de valeurs supérieures de cinq. »
  2. « Je ne peux pas désigner ne serait-ce qu’une seule chose comme étant nécessairement vraie. »

En invoquant une ambiguë « mathématique supérieure », Ra confond redéfinition abstraite et relativisme de la vérité. On peut certes définir une nouvelle opération « \(\oplus\) » telle que \(2 \oplus 2 = 5\), mais cela ne nie en rien que, selon l’arithmétique standard, \(2 + 2 = 4\). La tactique de Ra sème la confusion : elle érode la distinction entre l’invention de nouveaux symboles et le rejet de la nécessité des vérités existantes.


IV. L’épisode de Jonas : la contradiction interne de la position de Ra

Lors du débat, Ra rejette le récit biblique de Jonas comme « absurde ». Brancatella lui demande immédiatement : « Sur quelle base qualifies-tu cela d’absurde, si tu nies toute vérité nécessaire ? » Qualifier quelque chose d’absurde présuppose des normes — logiques ou empiriques — à partir desquelles juger de l’absurdité. Or, si aucune proposition n’est nécessairement vraie, de telles normes ne peuvent exister de manière cohérente. Ainsi, la dénonciation de l’absurdité par Ra s’effondre dans l’incohérence : il s’appuie sur les nécessités mêmes qu’il prétend rejeter.


V. Les implications philosophiques du rejet des vérités nécessaires

Rejeter les vérités nécessaires ouvre la voie à :

  • Un scepticisme radical : si aucune affirmation n’est sûre, toutes les croyances deviennent également infondées.
  • Un nihilisme épistémique : la connaissance elle-même perd son sens lorsque toute certitude disparaît.
  • Un relativisme moral : les affirmations éthiques ne peuvent être fondées si aucune vérité n’est stable.

L’histoire regorge d’échos — des sophistes grecs niant la justice objective aux postmodernes contemporains qui conçoivent la vérité comme socialement construite. L’avertissement est clair : cette trajectoire ne sape pas seulement la logique, mais menace aussi l’éthique et la possibilité d’un sens commun partagé.


VI. Pourquoi il faut défendre la vérité nécessaire

Les vérités fondamentales sont inescapables. Même la tentative de les nier présuppose leur cadre. Les mathématiques et la logique forment l’ossature de tout argument :

  • L’argumentation rationnelle repose sur la structure inattaquable de l’inférence.
  • Le progrès scientifique dépend de relations nécessaires et reproductibles — les lois de la nature.
  • La clarté éthique exige une norme non arbitraire du bien et du mal.

Abandonner les vérités nécessaires, c’est renoncer aux outils mêmes qui permettent de penser, de parler et d’agir de manière cohérente.


VII. Conclusion

Les déclarations d’Aron Ra sur l’arithmétique et la nécessité s’effondrent sous leur propre poids. En niant les vérités nécessaires, il sème les graines de l’incohérence et de l’autoréfutation. La vérité objective — incarnée dans la loi de non‑contradiction et les propositions nécessaires — reste essentielle à toute vision du monde cohérente. Nous devons défendre ces principes, non comme un dogme aveugle, mais comme le fondement inéluctable de la raison et de l’intégrité.